C'est la saison des sondages. Je crois utile de déconstruire brièvement deux clichés, un populaire, un autre savant, pour en préciser la portée.
Première idée reçue : celle du cliché, précisément. Les sondeurs expliquent que les sondages "ne sont qu'une photographie de l'opinion à un moment donné" (voir, par exemple, ce "petit guide pour bien lire les sondages", qui relaie cette idée reçue).
Cette idée reçue est utilisée par les professionnels des sondages pour justifier l'insuffisance de leurs enquêtes, dans le seul cas où elles font face à un test empirique : les sondages électoraux. Les résultats de l'élection n'ont pas été ceux qu'ils avaient prédits, mais, nous disent-ils, ils ne se sont pas trompés : c'est l'opinion qui a changé... On peut, bien sûr, se rire d'une telle réponse qui fait des sondages une science irréfutable, au sens de Popper : avec un tel argument, quoi qu'il se passe, aucun test ne peut en réfuter la validité scientifique.
Mais ce n'est pas là l'essentiel : le problème est que cette justification se fonde sur une métaphore profondément fautive, en ce qu'elle interdit de donner aux sondages leur juste valeur (qui n'est pas nulle, loin s'en faut). Dire qu'un sondage est une "photographie" de l'opinion suppose en effet qu'il existe un objet -l'opinion- et que l'on peut le photographier.
Mais le problème est que l'opinion ne possède pas le statut ontologique d'un objet du monde physique, dont la matérialité est saisissable par un objectif photographique. L'opinion n'a jamais une telle ductilité : dans certains cas, les plus rares, elle s'en approche seulement.
Durant une bonne part de la campagne électorale, l'intérêt pour la politique est, dans la population, en moyenne, trop faible pour que les individus se soient formulés clairement une opinion précise sur leurs choix futurs. Les individus ont, pour la plupart, un rapport à la politique qui ressemble à mon rapport au football : un désintérêt complet, à l'exception de la coupe du monde, où, tous les quatre ans, porté par l'effervescence collective, j'en viens à regarder des matchs, à connaître le nom des quelques joueurs emblématiques et même à porter des jugements sur la qualité du jeu et des chances des équipes favorites. Dans quelques moments de folie, il m'arrive même alors de lire L'Équipe. Je subis un processus de "footballisation", à la manière dont une campagne électorale suscite un processus de "politisation".
Faire campagne, c'est précisément susciter et diriger en sa faveur ce lent processus (jamais certain) de politisation : faire en sorte que la population prenne intérêt aux enjeux qu'on lui propose et se mobilise pour son camp. La population se met à parler politique, à regarder les émissions spécialisées, à porter des jugements sur la qualité des candidats, dont elle découvre parfois l'existence (combien de Français, par exemple, connaissaient Eva Joly en avril 2011 ?). Lentement les opinions inexistantes ou flottantes se durcissent dans un choix final. Mais aussi longtemps que ce processus n'est pas achevé, il n'existe pas "d'opinion" que l'on pourrait photographier.
Tant que ce processus est en cours, sonder l’opinion, c'est la constituer. C'est ce que rappelait Bourdieu aux sondeurs, il y a déjà 40 ans : en posant une question que les individus ne se posent pas nécessairement, on les amène à donner une réponse qui n'existait pas jusqu'alors dans leur esprit. Dans ce sens, les sondages font l'opinion. Ils ne la "photographient" pas : ils constituent ce qu'ils disent mesurer, dans l'acte de mesure même.
C'est pleinement le cas au début de la campagne, où le processus de "politisation" n'a pas débuté, et où l'intérêt pour la politique est très faible. Les sondages ne deviennent des photographies que dans la phase ultime de la campagne : celle où le processus de politisation est achevé ou, du moins, ne pourra pas davantage se poursuivre. Avant cela, ils mesurent quelque chose, mais on ne sait jamais exactement quoi. Un quelque chose qui oscille entre le pur artefact et le fait social véritable.
Les sondeurs savent bien cela, mais ne le disent jamais, de peur sans doute de priver leur sondage de leur valeur symbolique (et donc marchande) : depuis longtemps, ils demandent aux sondés de préciser si leur choix sont sûrs ou s'ils pensent pouvoir en changer. Cette question vise, indirectement, à mesurer à quel point de coalescence en est l'opinion. A quel point, autrement dit, leur sondage est un artefact.
Nous sommes en train d'atteindre la dernière phase de la campagne : les opinions flottantes se solidifient lentement. La page 8 de ce sondage CSA donne la mesure de l'inachèvement du processus : entre ceux qui sont sûr et ceux qui pensent pouvoir le faire, les deux principaux candidats peuvent avoir 48% ou 57% des voix au premier tour... (Et même ces chiffres ne veulent pas dire grand chose : même ceux qui excluent de voter pour un candidat peuvent, en fait, changer d'opinion). Les sondages vont, lentement, signifier quelque chose (et François Hollande va, sans doute, découvrir que cela signifie qu'il va "baisser", au fur et à mesure où N. Sarkozy "politise" ses électeurs potentiels).
Deuxième cliché : celui des marges d'erreur et des intervalles de confiance. On lit souvent que, pour un échantillon de 1000 individus (le plus communs pour les sondages électoraux), les sondages ont une certaine marge d'erreur (3,1% est le plus souvent retenu) avec un intervalle de confiance de 95%. C'est en fait l'application du théorème central limite. Voir par exemple la présentation qu'en fait cet institut de sondage. C'est une manière, tout à la fois, de techniciser (et donc mettre à l'écart ceux qui n'ont pas les compétences techniques) et de justifier les erreurs prédictives.
Le problème est que ce vocabulaire, et son arrière fond technique, n'ont presque aucun sens en France, où tous les sondages sont réalisés selon la méthode dite des quotas : pour le dire de manière pédante, les sondages en France ne sont pas construit par un échantillonnage probabiliste, le seul auquel on peut appliquer la loi normale, mais par un échantillonnage non probabiliste (établi en fonction des "quotas"). Pour le dire plus simplement : les sondages ne sont pas faits en tirant au hasard les individus. Or, les lois de probabilité ne s'appliquent que si l'on tire au hasard des individus. Ici, les individus sont sélectionnés à partir d'un modèle de la population, construit en fonction de ce que l'on considère être les variables prédictives de son comportement (taille de la ville, sexe, âge, CSP, etc.) Il n'y a donc pas de hasard dans cette sélection.
On ne peut donc pas, rigoureusement, prévoir une marge d'erreur. Dans tous les cas, le sondage ne vaudra jamais que ce que vaut le modèle théorique qui le fonde -et cette valeur, il est impossible de l'estimer à partir d'un modèle probabiliste. (Pour des développements techniques, y compris les conditions dans lesquelles on peut estimer la valeur des variables dans un sondage par quota, il faut lire ceci). Et il est tout à fait possible qu'elle soit nulle. On peut supposer que des décennies d'expérience ont conduit les sondeurs à affiner leur modèle des variables prédictives des comportements des Français : mais c'est une supposition totalement non quantifiable.
Nous ne savons donc pas vraiment ce que mesurent les sondages. Et nous ne savons pas davantage avec quelle marge d'erreur. Mais cela ne m'empêche pas, durant cette campagne présidentielle, de me jeter avidement dessus. Ce qui n'est pas plus déraisonnable, quand on y pense bien, que de lire L'Équipe.
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samedi 17 mars 2012
mardi 31 janvier 2012
Le repas gratuit de Nicolas Sarkozy
Nicolas Sarkozy, ne se résolvant pas tout à fait à prendre le costume churchilien ("du sang et des larmes"), a promis aux Français un repas gratuit, sans qu'aucun des journalistes présents ne lui fassent observer qu'une telle chose n'existe pas.
En effet, il a annoncé la mise en place d'une TVA sociale, qui ne conduirait pourtant pas, selon lui, en raison de la "concurrence", à une hausse des prix.
Il est probable qu'il ait, sur ce dernier point, factuellement tort. Contrairement à ce qu'il a affirmé, l'augmentation de la TVA dans tous les pays européens où elle a eu récemment lieu, a conduit à davantage d'inflation. Y compris en Allemagne, censée, selon le président, n'avoir connu aucune augmentation des prix.
Mais, accordons-lui ce point : le repas gratuit n'est pas là.
Il est ailleurs : la TVA sociale vise à remplacer une partie du financement de notre système social par les charges sociales par une hausse de la taxe sur la consommation. Cela diminuerait les charges pesant sur les entreprises française, leur faisant gagner en compétitivité prix (tout en imposant une taxe sur tous les produits -même ceux importés). Soit. (Si l'on veut un point de vue informé sur l'efficacité d'une telle substitution, voir ici : en substance, médiocrement efficace à court terme, sans efficacité à long terme).
Et c'est là que le repas gratuit intervient : si la TVA ne conduit à aucune inflation, cela signifie que les entreprises ont diminué leur prix pour maintenir les prix après TVA stables. Ce qui est possible, quoique improbable.
Mais si les entreprises agissent ainsi cela signifie qu'elles ont baissé leurs marges, et donc que leur compétitivité a diminué. D'un autre côté, celle-ci avait augmenté au moment de la baisse des charges sociales. Autrement dit, les entreprises ont maintenu leur marge constante : ce qu'elles ont obtenu grâce à la baisse des charges, elles l'ont perdu en maintenant les prix stables, malgré la hausse de la TVA. L'opération est donc totalement neutre économiquement : la compétitivité prix des entreprises demeure la même.
C'est là le repas gratuit : ce que voudrait Sarkozy c'est des prix qui restent stables, sans que les entreprises ne baissent leur marge -sinon à quoi bon la TVA sociale. Mais, cela ce n'est pas possible.
Pour le dire différemment : pour que la TVA sociale fonctionne, il faut bien que quelqu'un d'autre que les entreprises la paye. Et ce quelqu'un c'est le consommateur, dont le prix du repas doit donc augmenter.
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En effet, il a annoncé la mise en place d'une TVA sociale, qui ne conduirait pourtant pas, selon lui, en raison de la "concurrence", à une hausse des prix.
Il est probable qu'il ait, sur ce dernier point, factuellement tort. Contrairement à ce qu'il a affirmé, l'augmentation de la TVA dans tous les pays européens où elle a eu récemment lieu, a conduit à davantage d'inflation. Y compris en Allemagne, censée, selon le président, n'avoir connu aucune augmentation des prix.
Mais, accordons-lui ce point : le repas gratuit n'est pas là.
Il est ailleurs : la TVA sociale vise à remplacer une partie du financement de notre système social par les charges sociales par une hausse de la taxe sur la consommation. Cela diminuerait les charges pesant sur les entreprises française, leur faisant gagner en compétitivité prix (tout en imposant une taxe sur tous les produits -même ceux importés). Soit. (Si l'on veut un point de vue informé sur l'efficacité d'une telle substitution, voir ici : en substance, médiocrement efficace à court terme, sans efficacité à long terme).
Et c'est là que le repas gratuit intervient : si la TVA ne conduit à aucune inflation, cela signifie que les entreprises ont diminué leur prix pour maintenir les prix après TVA stables. Ce qui est possible, quoique improbable.
Mais si les entreprises agissent ainsi cela signifie qu'elles ont baissé leurs marges, et donc que leur compétitivité a diminué. D'un autre côté, celle-ci avait augmenté au moment de la baisse des charges sociales. Autrement dit, les entreprises ont maintenu leur marge constante : ce qu'elles ont obtenu grâce à la baisse des charges, elles l'ont perdu en maintenant les prix stables, malgré la hausse de la TVA. L'opération est donc totalement neutre économiquement : la compétitivité prix des entreprises demeure la même.
C'est là le repas gratuit : ce que voudrait Sarkozy c'est des prix qui restent stables, sans que les entreprises ne baissent leur marge -sinon à quoi bon la TVA sociale. Mais, cela ce n'est pas possible.
Pour le dire différemment : pour que la TVA sociale fonctionne, il faut bien que quelqu'un d'autre que les entreprises la paye. Et ce quelqu'un c'est le consommateur, dont le prix du repas doit donc augmenter.
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jeudi 15 décembre 2011
Troll du jour
Les agences de notation, c'est connu, sont méchantes et incompétentes. Et maintenant, elles s'en prennent à la zone euro, dont la crise est pourtant sous contrôle puisque Sarkozy A.Merkel a décidé qu'imposer une politique d'austérité créerait (magie !) de la croissance.
Ainsi, Standard and Poors pense que les pays les mieux classés de la zone devrait être dégradés. Stupéfaction, en France, dans nos milieux politiques : comment même l'Allemagne, si vertueuse ?
La trollesque vérité est, pourtant, que les agences de notation ont une analyse plutôt favorable des pays de la zone euro, comparé aux marchés financiers.
Je me suis ainsi amusé (figure de style) à rassembler tous les pays de la zone, ainsi que les autres pays du G20 et de l'OCDE, qui ont à la fois une note attribuée par Standard and Poors et dont Bloomberg donne le taux des obligations à 10 ans (le graphique date du début de la semaine dernière). Et l'on voit très clairement, que quelque soit la note, les obligations des pays de la zone euro ont, presque systématiquement, des taux supérieurs à ceux des pays qui ne sont pas membres de la zone. Pour le cas des seuls pays notés AAA, la différence de taux est notable : le taux moyen à 10 ans est de 2,8 % pour les pays de la zone contre 1,9 % pour ceux qui ne le sont pas. Le contraste entre un pays comme la Suède (1,8 %) et la Finlande (2,7%) est, par exemple, frappant. La dégradation semble, ainsi, une évidence, devant laquelle Standard and Poors ne recule que pour des raisons de prudence diplomatique.
Les agences ne donnent qu'une analyse parmi d'autres pour les acteurs financiers (pour autant qu'ils ne soient pas contraint par Bâle II de les suivre). Ainsi, la dégradation de la note américaine par S and P n'a eu strictement aucune conséquence, bien au contraire : les taux ont baissé après sa dégradation. A part la Suisse, aucun pays AAA n'a un taux aussi faible que le Japon, pourtant AA-. Les notes des agences de notation ne sont pas les oracles qui donnent la vérité absolue sur le monde, surtout en ce qui concerne les dettes souveraines. Elles accompagnent, avec délais, la convention boursière du moment.
Dans le cas de la zone euro, elles n'ont pas encore tenu compte de la panique financière. Elles ne sont pas les seules, du reste : la BCE semble ne rien avoir compris également. Et, personnellement, c'est de la BCE dont j'ai surtout peur.
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Ainsi, Standard and Poors pense que les pays les mieux classés de la zone devrait être dégradés. Stupéfaction, en France, dans nos milieux politiques : comment même l'Allemagne, si vertueuse ?
La trollesque vérité est, pourtant, que les agences de notation ont une analyse plutôt favorable des pays de la zone euro, comparé aux marchés financiers.
Je me suis ainsi amusé (figure de style) à rassembler tous les pays de la zone, ainsi que les autres pays du G20 et de l'OCDE, qui ont à la fois une note attribuée par Standard and Poors et dont Bloomberg donne le taux des obligations à 10 ans (le graphique date du début de la semaine dernière). Et l'on voit très clairement, que quelque soit la note, les obligations des pays de la zone euro ont, presque systématiquement, des taux supérieurs à ceux des pays qui ne sont pas membres de la zone. Pour le cas des seuls pays notés AAA, la différence de taux est notable : le taux moyen à 10 ans est de 2,8 % pour les pays de la zone contre 1,9 % pour ceux qui ne le sont pas. Le contraste entre un pays comme la Suède (1,8 %) et la Finlande (2,7%) est, par exemple, frappant. La dégradation semble, ainsi, une évidence, devant laquelle Standard and Poors ne recule que pour des raisons de prudence diplomatique.
Les agences ne donnent qu'une analyse parmi d'autres pour les acteurs financiers (pour autant qu'ils ne soient pas contraint par Bâle II de les suivre). Ainsi, la dégradation de la note américaine par S and P n'a eu strictement aucune conséquence, bien au contraire : les taux ont baissé après sa dégradation. A part la Suisse, aucun pays AAA n'a un taux aussi faible que le Japon, pourtant AA-. Les notes des agences de notation ne sont pas les oracles qui donnent la vérité absolue sur le monde, surtout en ce qui concerne les dettes souveraines. Elles accompagnent, avec délais, la convention boursière du moment.
Dans le cas de la zone euro, elles n'ont pas encore tenu compte de la panique financière. Elles ne sont pas les seules, du reste : la BCE semble ne rien avoir compris également. Et, personnellement, c'est de la BCE dont j'ai surtout peur.
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jeudi 1 septembre 2011
Exclusif : Frédéric Lefebvre est favorable aux 35 heures
La déclaration du Secrétaire d'Etat est passée complètement inaperçue : le sarkoziste canal historique a fait sienne la mesure politique que honnit pourtant son camp. Lefebvre a déclaré qu'il fallait revenir aux 35 heures pour faire baisser le chômage en France !
En fait, pas vraiment, mais presque : il a plutôt affirmé que nous avions un taux de chômage élevé car "Il faut dire la réalité : parce qu'on a un taux de natalité beaucoup plus important que beaucoup d'autres pays". J'aime beaucoup le "il faut dire la réalité" de notre Secrétaire d'Etat.
Je l'aime d'autant plus que cela revient à faire des 35 heures une réalité tout aussi substantielle. En effet, l'affirmation du Secrétaire d'Etat se fonde sur la même "théorie" économique : celle qui voit le nombre d'emplois comme un gros gâteau dont la taille est intangible et qu'il est donc d'autant plus difficile -voire impossible- à partager qu'il y a de convives. Ce que nous dit le Secrétaire d'Etat est, en effet, que nous avons des chômeurs parce que le nombre de convives (d'actifs) augmente dans notre pays en raison des naissances nombreuses -alors qu'ailleurs, il stagne (un ailleurs qui se réduit à la seule Allemagne -décidément le seul point de comparaison dont disposent les hommes politiques de droite). Et comme le gâteau (le nombre d'emplois) reste le même, cela fait autant de chômeurs.
C'est très exactement un raisonnement de ce type qui a justifié, du moins pour les plus économiquement naïfs des socialistes, l'adoption des 35 heures, à la fin des années 1990. Car, au moins, les socialistes avaient la vertu d'aller au bout de leur raisonnement : si le problème est que le gâteau (le nombre d'emplois) est fixe, et que le nombre de convives augmente, alors il n'y a qu'une seule solution : diminuer la taille de la part de gâteau de chacun (baisser le nombre d'heures travaillées) pour que tous puissent manger (qu'il n'y ait plus de chômeurs) 1.
Au contraire, le gouvernement auquel appartient Frédéric Lefbvre a adopté tout une série de mesures qui, d'une part, augmentent le nombre de convives et qui, d'autre part, accroissent la part de gâteau de ceux qui ont la chance d'en avoir une. La réforme des retraites conduit, en effet, à ce que les plus de 60 ans ne partent pas à la retraite, augmentant d'autant le nombre d'actifs. Le maintien de la défiscalisation des heures supplémentaires (au delà des emplois bénéficiant de réduction de charges) conduit les actifs en emploi à travailler des heures qui auraient pu être effectuées par des chômeurs.
Et ceci est d'autant plus cruel qu'en effet, le Secrétaire d'Etat a raison à court terme : lors d'une crise de demande massive, comme celle que traverse notre économie, le nombre d'emploi ressemble à un gros gâteau qui n'augmente pas -la demande étant insuffisante pour inciter les entreprises à accroître leur production, et à embaucher pour cela.
Mais ce raisonnement ne vaut que dans des circonstances exceptionnelles et à court terme. Sur le long terme, le nombre d'emplois s'ajustent globalement au nombre d'actifs. Il n'y a aucune raison qu'il en soit autrement : tout actif est par définition capable de travailler et, pour autant que le marché assume sa fonction coordinatrice, il n'y a aucun raison qu'il ne puisse échanger sa production, ou ses capacités productives, avec d'autres acteurs. Plus le nombre d'actifs grandit, plus la production s'accroît : c'est pour cela que le taux de croissance potentielle d'une économie ne dépend que de deux choses : ses gains de productivité et la croissance de sa population active. Le gâteau ne possède pas une taille intangible : il grossit avec le nombre de convives -pour la simple raison que chaque convive en produit sa part.
Et c'est bien ce qui s'est passé en France jusqu'à la crise de 1975. Le problème de la France est le fait que son économie n'a jamais été capable de récupérer, par la suite, durant les phases de croissance rapide, par des créations d'emplois plus importantes que celle de l'augmentation de la population active, les conséquences des périodes de croissance faible ou négative, qui entraînent une croissance du nombre d'emplois plus faible que la population -voire même des destruction d'emplois. Les créations d'emploi soutenues entre 1985-1990 et 1997-2001 n'ont pas compensé les périodes de destruction (1975 ; 1984-1985 ; 1991-1993) ou de faible croissance.
C'est cela qui caractérise en propre l'économie française (et, dans une moindre mesure, les économies européennes), notamment en comparaison avec les Etats-Unis, où ce phénomène ne s'est pas produit (l'économie américaine a même inséré des dizaines de millions de travailleurs immigrés sans difficulté).
______________________________
1. Ce qui n'interdisait pas de soutenir les 35 heures pour d'autres raisons (ce qui était mon cas) -à commencer par le fait qu'il est tout aussi légitime d'utiliser les gains de productivité d'une économie pour travailler moins que pour accroître le pouvoir d'achat, le but ultime de l'économie n'étant pas de faire travailler les individus, mais d'accroître la satisfaction qu'ils tirent des biens et services produits -ce qui peut passer par plus de temps libre.
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En fait, pas vraiment, mais presque : il a plutôt affirmé que nous avions un taux de chômage élevé car "Il faut dire la réalité : parce qu'on a un taux de natalité beaucoup plus important que beaucoup d'autres pays". J'aime beaucoup le "il faut dire la réalité" de notre Secrétaire d'Etat.
Je l'aime d'autant plus que cela revient à faire des 35 heures une réalité tout aussi substantielle. En effet, l'affirmation du Secrétaire d'Etat se fonde sur la même "théorie" économique : celle qui voit le nombre d'emplois comme un gros gâteau dont la taille est intangible et qu'il est donc d'autant plus difficile -voire impossible- à partager qu'il y a de convives. Ce que nous dit le Secrétaire d'Etat est, en effet, que nous avons des chômeurs parce que le nombre de convives (d'actifs) augmente dans notre pays en raison des naissances nombreuses -alors qu'ailleurs, il stagne (un ailleurs qui se réduit à la seule Allemagne -décidément le seul point de comparaison dont disposent les hommes politiques de droite). Et comme le gâteau (le nombre d'emplois) reste le même, cela fait autant de chômeurs.
C'est très exactement un raisonnement de ce type qui a justifié, du moins pour les plus économiquement naïfs des socialistes, l'adoption des 35 heures, à la fin des années 1990. Car, au moins, les socialistes avaient la vertu d'aller au bout de leur raisonnement : si le problème est que le gâteau (le nombre d'emplois) est fixe, et que le nombre de convives augmente, alors il n'y a qu'une seule solution : diminuer la taille de la part de gâteau de chacun (baisser le nombre d'heures travaillées) pour que tous puissent manger (qu'il n'y ait plus de chômeurs) 1.
Au contraire, le gouvernement auquel appartient Frédéric Lefbvre a adopté tout une série de mesures qui, d'une part, augmentent le nombre de convives et qui, d'autre part, accroissent la part de gâteau de ceux qui ont la chance d'en avoir une. La réforme des retraites conduit, en effet, à ce que les plus de 60 ans ne partent pas à la retraite, augmentant d'autant le nombre d'actifs. Le maintien de la défiscalisation des heures supplémentaires (au delà des emplois bénéficiant de réduction de charges) conduit les actifs en emploi à travailler des heures qui auraient pu être effectuées par des chômeurs.
Et ceci est d'autant plus cruel qu'en effet, le Secrétaire d'Etat a raison à court terme : lors d'une crise de demande massive, comme celle que traverse notre économie, le nombre d'emploi ressemble à un gros gâteau qui n'augmente pas -la demande étant insuffisante pour inciter les entreprises à accroître leur production, et à embaucher pour cela.
Mais ce raisonnement ne vaut que dans des circonstances exceptionnelles et à court terme. Sur le long terme, le nombre d'emplois s'ajustent globalement au nombre d'actifs. Il n'y a aucune raison qu'il en soit autrement : tout actif est par définition capable de travailler et, pour autant que le marché assume sa fonction coordinatrice, il n'y a aucun raison qu'il ne puisse échanger sa production, ou ses capacités productives, avec d'autres acteurs. Plus le nombre d'actifs grandit, plus la production s'accroît : c'est pour cela que le taux de croissance potentielle d'une économie ne dépend que de deux choses : ses gains de productivité et la croissance de sa population active. Le gâteau ne possède pas une taille intangible : il grossit avec le nombre de convives -pour la simple raison que chaque convive en produit sa part.
Et c'est bien ce qui s'est passé en France jusqu'à la crise de 1975. Le problème de la France est le fait que son économie n'a jamais été capable de récupérer, par la suite, durant les phases de croissance rapide, par des créations d'emplois plus importantes que celle de l'augmentation de la population active, les conséquences des périodes de croissance faible ou négative, qui entraînent une croissance du nombre d'emplois plus faible que la population -voire même des destruction d'emplois. Les créations d'emploi soutenues entre 1985-1990 et 1997-2001 n'ont pas compensé les périodes de destruction (1975 ; 1984-1985 ; 1991-1993) ou de faible croissance.
C'est cela qui caractérise en propre l'économie française (et, dans une moindre mesure, les économies européennes), notamment en comparaison avec les Etats-Unis, où ce phénomène ne s'est pas produit (l'économie américaine a même inséré des dizaines de millions de travailleurs immigrés sans difficulté).
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1. Ce qui n'interdisait pas de soutenir les 35 heures pour d'autres raisons (ce qui était mon cas) -à commencer par le fait qu'il est tout aussi légitime d'utiliser les gains de productivité d'une économie pour travailler moins que pour accroître le pouvoir d'achat, le but ultime de l'économie n'étant pas de faire travailler les individus, mais d'accroître la satisfaction qu'ils tirent des biens et services produits -ce qui peut passer par plus de temps libre.
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samedi 28 mai 2011
Un peu de lecture pour Claude Guéant
Un peu de lecture pour notre ministre de l'Education, ministre de l'Intérieur, ministre de l'Immigration, Claude Guéant :
http://www.ac-reims.fr/casnav/enfants_nouv_arrives/formation/parcours.pdf
Résumé des meilleurs moments :
voir également :
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/estat_0336-1454_1996_num_293_1_6053
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http://www.ac-reims.fr/casnav/enfants_nouv_arrives/formation/parcours.pdf
Résumé des meilleurs moments :
" L’analyse longitudinale des parcours des enfants d’immigrés ne conduit donc pas à conclure à leur échec scolaire massif, mais elle souligne en premier lieu que les ressources socio-économiques et culturelles du milieu familial forment les déterminants premiers de la réussite à l’école. [...]
Que, dans les résultats français, la supériorité des parcours des enfants d’immigrés se fasse jour quand est contrôlé non seulement la catégorie sociale, mais aussi le niveau de diplôme des parents (cf. plus haut pour le baccalauréat) suggère aussi cette conclusion : l’absence ou la faiblesse de la scolarisation parentale n’a pas les mêmes effets, sur la façon d’envisager l’avenir des enfants, selon qu’elle est due à la déficience du système éducatif dans le pays d’origine – cas fréquent des familles immigrées –, ou qu’elle traduit les difficultés scolaires rencontrées durant la jeunesse – cas des parents de même niveau d’études ayant toujours vécu en France.
D’un point de vue plus institutionnel, l’étude des parcours des enfants d’immigrés conduit à penser que le fonctionnement de l’école française ne crée pas, pour ces élèves, un handicap spécifique, en plus de celui – considérable – qu’ils doivent aux caractéristiques socio-économiques et culturelles de leur milieu familial. "
voir également :
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/estat_0336-1454_1996_num_293_1_6053
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mardi 4 janvier 2011
Le zombie des 35 heures
Les 35 heures sont les zombies de la discussion économique en France : on ne peut rien contre elles. Tout discours économique rationnel qui s'efforce de préciser leurs effets sur la compétitivité prix des entreprises françaises est destiné à échouer lamentablement.
Aussitôt tuées, elles ressurgissents, se levant d'entre les idées fausses et mortes, pour mieux rendre impossible tout analyse et conduire à des politiques aberrantes. Le zombie du moment se nomme Manuel Valls, suivant de près un zombie du camp opposé. Ne doutons pas que l'année 2012 verra une invasion massive de zombies dans la campagne politique présidentielle. Après tout, le zombie en chef de 2007 a gagné.
La plupart des journaux ont rappelé que la loi telle qu'elle a été votée entre 1998 et 2000 a été privée de l'essentiel de sa substance. En particulier, la loi Bertrand de 2008 a supprimé toute contrainte légale véritable dans le nombre d'heures travaillées. Mais cela ne suffit pas, manifestement. Le zombie ne veut pas mourir.
Je doute que le zombie expire davantage si l'on examine les effets concrets sur le coût du travail des 35 heures, même si cela constitue le coeur de son argumentaire. Mais je vais quand même essayer.
Le zombie nous explique, en effet, que la France a perdu en compétitivité en raison des 35 heures : le salarié coûte trop cher, dans sa fainéantise légalisée.
Sauf qu'il n'en est rien. Le coût du travail a faiblement augmenté en France entre 2000 et 2008 (avant donc la mise en place de la loi TEPA). Il a moins augmenté que dans la moyenne des pays européen. Infiniment moins que dans les pays d'Europe centrale et orientale, en plein rattrapage. Moins que dans tous les pays européens qui sont confrontés à de graves problèmes de compétitivité en raison de l'explosion de leurs coûts (Espagne, Grèce). En fait, à part l'Italie, dont la productivité du travail a stagné durant la période, seules l'Allemagne et l'Autriche ont vu leur coût du travail augmenter moins qu'en France (conduisant à ce que la moyenne de la zone euro soit faible). Et cela parce que ces deux pays ont choisi une politique de déflation salariale. Politique suicidaire, qui déstabilise la zone euro en produisant des déséquilibres commerciaux massifs, et qui, en outre, a été inefficace, puisque l'Allemagne a eu le 3e taux de croissance le plus faible des pays développés durant la période.
Si l'on élargit, en s'intéressant à l'ensemble des pays développés, en prenant cette fois-ci en compte l'évolution de la productivité du travail, on voit, encore, que l'évolution du coût unitaire du travail en France n'a rien d'exceptionnelle. Elle est plus faible que celle de la moyenne des pays de l'OCDE.
Là encore, c'est l'Allemagne (et le Japon) qui font vraiment exception, en connaissant une baisse de leur coût unitaire du travail : la hausse des salaires y a été plus faible que la hausse de la productivité des travailleurs. Et le moins que l'on puisse dire est que cette déflation salariale n'a pas eu les effets attendus : après l'Italie et le Portugal, le Japon et l'Allemagne sont les pays développés qui ont eu le taux de croissance le plus faible entre 2000 et 2007.
Ce n'est pas en diminuant les salaires que l'on restera compétitif par rapport aux pays asiatiques : l'Allemagne s'y efforce, en pure perte. L'évolution du cours de l'euro a plus qu'annulé la baisse du coût unitaire du travail en Allemagne vis-à-vis des pays hors zone euro. Sa politique de déflation n'a donc constitué qu'une politique non coopérative, qui a généré des excédents commerciaux pour l'essentiel vis-à-vis des seuls pays qui partagent la même monnaie que l'Allemagne, et qui ne peuvent dévaluer. Sans même permettre à l'Allemagne de connaître une croissance économique soutenue.
Le problème n'est pas donc pas l'évolution du coût du travail en France, qui est tout à fait moyenne. C'est l'évolution en Allemagne. Car on ne peut pas généraliser la politique allemande : elle ne peut fonctionner -pour autant qu'elle fonctionne- que si les autres pays européens ne la mènent pas. Si tous la mènent, elle aboutit à une déflation généralisée de l'économie européenne, faute de demande globale. Le choix n'est donc pas entre les 35 heures et sortir de la zone euro. Mais entre la politique allemande de déflation et la mort de la zone euro.
Pour le dire différemment, il est temps de parler sérieusement, en adulte responsable, à l'Allemagne, car il en va de l'avenir de la zone euro. Et ce n'est pas en infantilisant le débat économique français, en faisant resurgir encore et encore le zombie des 35 heures que l'on y parviendra.
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Aussitôt tuées, elles ressurgissents, se levant d'entre les idées fausses et mortes, pour mieux rendre impossible tout analyse et conduire à des politiques aberrantes. Le zombie du moment se nomme Manuel Valls, suivant de près un zombie du camp opposé. Ne doutons pas que l'année 2012 verra une invasion massive de zombies dans la campagne politique présidentielle. Après tout, le zombie en chef de 2007 a gagné.
La plupart des journaux ont rappelé que la loi telle qu'elle a été votée entre 1998 et 2000 a été privée de l'essentiel de sa substance. En particulier, la loi Bertrand de 2008 a supprimé toute contrainte légale véritable dans le nombre d'heures travaillées. Mais cela ne suffit pas, manifestement. Le zombie ne veut pas mourir.
Je doute que le zombie expire davantage si l'on examine les effets concrets sur le coût du travail des 35 heures, même si cela constitue le coeur de son argumentaire. Mais je vais quand même essayer.
Le zombie nous explique, en effet, que la France a perdu en compétitivité en raison des 35 heures : le salarié coûte trop cher, dans sa fainéantise légalisée.
Sauf qu'il n'en est rien. Le coût du travail a faiblement augmenté en France entre 2000 et 2008 (avant donc la mise en place de la loi TEPA). Il a moins augmenté que dans la moyenne des pays européen. Infiniment moins que dans les pays d'Europe centrale et orientale, en plein rattrapage. Moins que dans tous les pays européens qui sont confrontés à de graves problèmes de compétitivité en raison de l'explosion de leurs coûts (Espagne, Grèce). En fait, à part l'Italie, dont la productivité du travail a stagné durant la période, seules l'Allemagne et l'Autriche ont vu leur coût du travail augmenter moins qu'en France (conduisant à ce que la moyenne de la zone euro soit faible). Et cela parce que ces deux pays ont choisi une politique de déflation salariale. Politique suicidaire, qui déstabilise la zone euro en produisant des déséquilibres commerciaux massifs, et qui, en outre, a été inefficace, puisque l'Allemagne a eu le 3e taux de croissance le plus faible des pays développés durant la période.
Si l'on élargit, en s'intéressant à l'ensemble des pays développés, en prenant cette fois-ci en compte l'évolution de la productivité du travail, on voit, encore, que l'évolution du coût unitaire du travail en France n'a rien d'exceptionnelle. Elle est plus faible que celle de la moyenne des pays de l'OCDE.
Là encore, c'est l'Allemagne (et le Japon) qui font vraiment exception, en connaissant une baisse de leur coût unitaire du travail : la hausse des salaires y a été plus faible que la hausse de la productivité des travailleurs. Et le moins que l'on puisse dire est que cette déflation salariale n'a pas eu les effets attendus : après l'Italie et le Portugal, le Japon et l'Allemagne sont les pays développés qui ont eu le taux de croissance le plus faible entre 2000 et 2007.
Ce n'est pas en diminuant les salaires que l'on restera compétitif par rapport aux pays asiatiques : l'Allemagne s'y efforce, en pure perte. L'évolution du cours de l'euro a plus qu'annulé la baisse du coût unitaire du travail en Allemagne vis-à-vis des pays hors zone euro. Sa politique de déflation n'a donc constitué qu'une politique non coopérative, qui a généré des excédents commerciaux pour l'essentiel vis-à-vis des seuls pays qui partagent la même monnaie que l'Allemagne, et qui ne peuvent dévaluer. Sans même permettre à l'Allemagne de connaître une croissance économique soutenue.
Le problème n'est pas donc pas l'évolution du coût du travail en France, qui est tout à fait moyenne. C'est l'évolution en Allemagne. Car on ne peut pas généraliser la politique allemande : elle ne peut fonctionner -pour autant qu'elle fonctionne- que si les autres pays européens ne la mènent pas. Si tous la mènent, elle aboutit à une déflation généralisée de l'économie européenne, faute de demande globale. Le choix n'est donc pas entre les 35 heures et sortir de la zone euro. Mais entre la politique allemande de déflation et la mort de la zone euro.
Pour le dire différemment, il est temps de parler sérieusement, en adulte responsable, à l'Allemagne, car il en va de l'avenir de la zone euro. Et ce n'est pas en infantilisant le débat économique français, en faisant resurgir encore et encore le zombie des 35 heures que l'on y parviendra.
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samedi 6 novembre 2010
Auto-promotion
Que le meilleur gagne ! (Je ne sais qui en est à l'origine, mais bravo pour cette initiative et pour avoir réuni un si beau jury).
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