samedi 4 juillet 2009

Pourquoi Armstrong ne gagnera pas le Tour de France

Un peu de détente sur ce blog, qui va se laisser aller au pari sportif, et révéler quelques passions secrètes de son auteur.

Armstrong tente à partir d'aujourd'hui, à 37 ans, son grand retour sportif sur le Tour de France. Si l'on se fie aux statistiques des victoires depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, il n'a aucune chance de gagner.

Comme on le voit l'âge à la victoire prend la forme d'une superbe courbe de Gauss, de moyenne 27.89 ans et d'écart type 2.88. Or la loi normale est formelle : il a 0.08% de chance de l'emporter dans ces conditions (à 37 ans ou plus).

Vous me direz : il a déjà survécu à un cancer métastasé et remporté ensuite 7 tours de France avec la moitié de sa virilité. Rien n'est donc impossible à notre Chuck Norris de la bicyclette. Qu'il soit néanmoins permis de douter.

Toutefois, s'il y parvient, il entretiendra une anomalie statistique récente : l'élévation de l'âge des vainqueurs du Tour de France.

Comme on peut le voir, depuis la guerre, il y a eu trois grandes périodes en ce qui concerne l'âge moyen des vainqueurs du Tour : 1) juste après la guerre, 2) de 1953 à la première victoire d'Indurain (1991), et 3) de 1991 à aujourd'hui.

1) Entre 1947 et 1952, l'âge moyen fut particulièrement élevé : 29.5 ans. On peut penser que ce phénomène est la conséquence de la guerre. On peut en effet supposer que la guerre a brisé la possibilité pour les jeunes générations de s'entraîner et d'être sélectionné. Elle a ainsi limité l'apparition de nouveaux champions. Dans le même temps, elle a mis au repos forcé les grands champions d'avant guerre, qui, à âge égal, étaient moins fatigués et avaient accumulé moins de blessures que dans des circonstances normales. Ainsi, Bartali à 34 ans gagne le tour en 1948, 10 ans après sa précédente victoire. Après la première guerre mondiale, il y eut le même phénomène de manière encore plus marquée :


2) Entre 1953 et 1990, l'âge moyen est légèrement supérieur à 27 ans et répond à une logique purement stochastique.

3) A partir de 1991, l'âge moyen recommence à augmenter. C'est la conséquence d'un nombre important de victoires consécutives par Indurain (5) puis par Armstrong (7). Or ces deux séries furent à la fois longues et entamées relativement tard, presque à l'âge moyen de la période précédente : 27 ans pour Indurain et 26 ans pour Armstrong (presque 27, en fait, car il est de septembre). Ces deux séries de victoires ont donc conduit à un nombre important de victoire au dessus de l'âge moyen depuis la Seconde Guerre. Chose plus étonnante encore, elles ont été suivi d'une victoire à 33 ans l'année dernière par un ancien gregario qui s'est révélé sur le tard : Carlos Sastre.

Le vélo semble ainsi en passe de devenir un sport de vieux. Le pourquoi de la chose dépasse tout à fait mon domaine de compétence. Je suppose toutefois que les plus cyniques y verront un effet bénéfique des nouvelles générations de produits dopants (EPO et assimilés ; hormones de croissance) dont l'arrivée coïncide grosso modo avec la première victoire d'Indurain.

Les esprits plus sociologiques s'intéresseront eux à une transformation importante des carrières cyclistes, qui a été imposée par Indurain et systématisée par Armstrong : la concentration sur un nombre restreint d'objectifs, se résumant au Tour. Armstrong n'a jamais concouru sérieusement sur une autre course. On est loin de l'époque de Merckx, où les coureurs participaient à à peu près toutes les courses de la saison avec, très souvent, l'ambition de gagner. Je n'ai pas de stat sous la main, mais il me semble que c'est même le nombre de kilomètres parcourus par année qui a baissé nettement pour tous les cyclistes 1. Or, on peut supposer qu'avec la baisse du nombre de kilomètre, la fatigue physique accumulée, de même que les blessures, ont diminué à âge égal -ce qui a pour conséquence de prolonger la carrière. Et de rendre possible une victoire à 37 ans ?

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1. Les mêmes cyniques rattacheront également cette diminution des courses concourues au dopage. Le dopage sanguin impose, en effet, de longues plages d'entraînement où le coureur est loin des autorités, et lors desquelles il peut améliorer ses paramètres, puis attendre que les traces pharmacologiques disparaissent. Il peut même, à l'occasion, prélever une partie de son sang qu'il réinjectera lors des compétitions.

3 commentaires:

  1. Prochain article: pourquoi Jeannie Longo est, en vérité, Chuck Norris :-)

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  2. Jeannie Longo est la preuve que les cyniques ont tort et qu'elle est nettement plus maline que Chuck Norris puisqu'elle vend le produit "entièrement naturel" qui fait qu'elle est Jeannie Longo : la créatine ...

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