Ainsi, Standard and Poors pense que les pays les mieux classés de la zone devrait être dégradés. Stupéfaction, en France, dans nos milieux politiques : comment même l'Allemagne, si vertueuse ?
La trollesque vérité est, pourtant, que les agences de notation ont une analyse plutôt favorable des pays de la zone euro, comparé aux marchés financiers.
Je me suis ainsi amusé (figure de style) à rassembler tous les pays de la zone, ainsi que les autres pays du G20 et de l'OCDE, qui ont à la fois une note attribuée par Standard and Poors et dont Bloomberg donne le taux des obligations à 10 ans (le graphique date du début de la semaine dernière). Et l'on voit très clairement, que quelque soit la note, les obligations des pays de la zone euro ont, presque systématiquement, des taux supérieurs à ceux des pays qui ne sont pas membres de la zone. Pour le cas des seuls pays notés AAA, la différence de taux est notable : le taux moyen à 10 ans est de 2,8 % pour les pays de la zone contre 1,9 % pour ceux qui ne le sont pas. Le contraste entre un pays comme la Suède (1,8 %) et la Finlande (2,7%) est, par exemple, frappant. La dégradation semble, ainsi, une évidence, devant laquelle Standard and Poors ne recule que pour des raisons de prudence diplomatique.
Les agences ne donnent qu'une analyse parmi d'autres pour les acteurs financiers (pour autant qu'ils ne soient pas contraint par Bâle II de les suivre). Ainsi, la dégradation de la note américaine par S and P n'a eu strictement aucune conséquence, bien au contraire : les taux ont baissé après sa dégradation. A part la Suisse, aucun pays AAA n'a un taux aussi faible que le Japon, pourtant AA-. Les notes des agences de notation ne sont pas les oracles qui donnent la vérité absolue sur le monde, surtout en ce qui concerne les dettes souveraines. Elles accompagnent, avec délais, la convention boursière du moment.
Dans le cas de la zone euro, elles n'ont pas encore tenu compte de la panique financière. Elles ne sont pas les seules, du reste : la BCE semble ne rien avoir compris également. Et, personnellement, c'est de la BCE dont j'ai surtout peur.
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