Nicolas Sarkozy, ne se résolvant pas tout à fait à prendre le costume churchilien ("du sang et des larmes"), a promis aux Français un repas gratuit, sans qu'aucun des journalistes présents ne lui fassent observer qu'une telle chose n'existe pas.
En effet, il a annoncé la mise en place d'une TVA sociale, qui ne conduirait pourtant pas, selon lui, en raison de la "concurrence", à une hausse des prix.
Il est probable qu'il ait, sur ce dernier point, factuellement tort. Contrairement à ce qu'il a affirmé, l'augmentation de la TVA dans tous les pays européens où elle a eu récemment lieu, a conduit à davantage d'inflation. Y compris en Allemagne, censée, selon le président, n'avoir connu aucune augmentation des prix.
Mais, accordons-lui ce point : le repas gratuit n'est pas là.
Il est ailleurs : la TVA sociale vise à remplacer une partie du financement de notre système social par les charges sociales par une hausse de la taxe sur la consommation. Cela diminuerait les charges pesant sur les entreprises française, leur faisant gagner en compétitivité prix (tout en imposant une taxe sur tous les produits -même ceux importés). Soit. (Si l'on veut un point de vue informé sur l'efficacité d'une telle substitution, voir ici : en substance, médiocrement efficace à court terme, sans efficacité à long terme).
Et c'est là que le repas gratuit intervient : si la TVA ne conduit à aucune inflation, cela signifie que les entreprises ont diminué leur prix pour maintenir les prix après TVA stables. Ce qui est possible, quoique improbable.
Mais si les entreprises agissent ainsi cela signifie qu'elles ont baissé leurs marges, et donc que leur compétitivité a diminué. D'un autre côté, celle-ci avait augmenté au moment de la baisse des charges sociales. Autrement dit, les entreprises ont maintenu leur marge constante : ce qu'elles ont obtenu grâce à la baisse des charges, elles l'ont perdu en maintenant les prix stables, malgré la hausse de la TVA. L'opération est donc totalement neutre économiquement : la compétitivité prix des entreprises demeure la même.
C'est là le repas gratuit : ce que voudrait Sarkozy c'est des prix qui restent stables, sans que les entreprises ne baissent leur marge -sinon à quoi bon la TVA sociale. Mais, cela ce n'est pas possible.
Pour le dire différemment : pour que la TVA sociale fonctionne, il faut bien que quelqu'un d'autre que les entreprises la paye. Et ce quelqu'un c'est le consommateur, dont le prix du repas doit donc augmenter.
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mardi 31 janvier 2012
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