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Sans finalité aucune et sans beaucoup de rationalité
Thirty years ago this month, Margaret Thatcher came to power. Although precipitated by local conditions, the Thatcher (or more broadly the Thatcher-Reagan) revolution became an instantly recognizable global brand for a set of ideas that inspired policies to free markets from government interference.La suite se trouve ici. Elle vaut la peine d'être lue.
Three decades later, the world is in a slump, and many people attribute the global crisis to these very ideas.
Indeed, even beyond the political left, the Anglo-American model of capitalism is deemed to have failed.
How can you fail to acknowledge that there’s huge slack capacity in the economy right now? And yes, we can expect fast growth if and when that capacity comes back into use.
The problem is that those numbers start at the end of the recessions, and we do not know when the recession will end. In other words, if God came down and told us the exact date the current recession was going to end, my forecast subsequent to that date would be for higher than normal growth. But absent that divine intervention, there is always some chance the recession will linger (remember the Great Depression)Il y a des raisons plus fortes encore de ne pas partager cet optimisme. Le scénario à la Krugman est fondé sur l'idée que l'économie suit un trend de croissance, autour duquel l'économie fluctue. Mais, rien ne garantit que cela soit le cas.
From a narrow U.S. perspective, these low long-term rates are puzzling; from a global perspective, they may be less so.Patrick Artus affirmait ainsi en 2007 que les banques centrales ont perdu le contrôle sur l'évolution de la masse monétaire au niveau mondial. Au milieu des années 2000, c'est la Chine qui en décidait (pour caricaturer).
En décidant d'acheter en masse les emprunts du Trésor, c'est-à-dire en choisissant de créer de la monnaie pour financer directement les déficits publics, la Réserve fédérale, la Banque d'Angleterre et la Banque du Japon - la BCE s'y refuse encore, mais pour combien de temps ? - sont "devenues asservies au budget de l'Etat".
Sur longue période, c’est le ralentissement des gains de productivité qui l’emporte, entraînant dans son sillage l’évolution des salaires.
Sur la période récente, la capacité d'autofinancement se contracte à nouveau, avec pour corollaire une baisse du taux d’autofinancement. Ces évolutions trouvent leur origine dans la forte augmentation de la valeur des fonds propres des entreprises et la croissance corrélative des dividendes versés.En clair : les entreprises payent tellement de dividendes, qu'elles n'ont plus assez de cash flow pour investir. Si elles veulent investir, il leur faut s'endetter beaucoup plus qu'auparavant. Pour le dire différemment, les actionnaires sont tellement gourmands qu'ils menacent la dynamique d'accumulation du capital. Pourtant le rapport ne dit rien du pourquoi d'une telle évolution. C'est là que le rapport est le plus faible : dans son absence presque complète de problématisation des mécanismes sous-jacents aux transformations qu'il constate.
Les banques et les banquiers sont aveugles de nature. Ils n'ont pas vu ce qui allait arriver. [...] Un banquier sensé n'est hélas point un banquier qui voit venir le danger et l'écarte, mais un banquier qui, lorsqu'il se ruine, le fait d'une manière orthodoxe et conventionnelle, en même temps que ses collègues, de façon à ce qu'on ne puisse rien lui reprocher. [...]
Les symptômes actuels indiquent que les banquiers se précipitent au suicide. À chaque pas, ils ont refusé d'appliquer un remède assez énergique. Et ils ont laissé les choses aller si loin qu'il est à présent difficile de trouver un remède quelconque. [...]
Cela fait, bien entendu, partie du métier de banquier que de sauver les apparences, et de professer à l'égard des conventions, un respect des plus humains. Ils sont devenus, à force de tenir ce rôle, les hommes les plus romantiques et les moins pratiques qu'on puisse rêver. Il est tellement essentiel pour eux que leur état soit à l'abri de toute critique qu'ils en arrivent eux-mêmes à faire abstraction de tout sens critique, jusqu'à ce qu'il soit trop tard. En bons citoyens honnêtes qu'ils sont, ils ressentent de l'indignation pour les périls que court le malheureux monde dans lequel ils vivent, lorsque ces périls sont venus à maturité, mais ils ne les prévoient pas. Une conspiration des banquiers! L'idée est absurde! Si seulement cela pouvait exister ! S'ils doivent jamais être sauvés, je puis prédire que ce sera à leur corps défendant.
The credit crunch has destroyed faith in the free market ideology that has dominated Western economic thinking for a generation. But what can – and should – replace it?Les vrais croyant libéraux ont pourtant élaboré un récit alternatif, qui, dans son principe, se rapproche de celui des anciens Hébreux. Nous en sommes là, non pas parce que Dieu marché n'existe pas, mais parce qu'il nous a puni de n'avoir pas respecté ses commandements, et laissé le diable État agir à sa place : voilà la substance de leur récit.
La construction de ce récit est assez délicate : la crise actuelle est née d'une crise financière qui implique des acteurs financiers sur un marché dérégulé. Aucune trace de l'État dans tout cela. Du moins c'est ce que pense le mécréant. Il a tort : la crise des subprimes est d'origine politique. C'est l'État le coupable. Pour parvenir à un telle conclusion, les vrais croyants ont cherché désespérément tout ce qui pouvait, même lointainement, être rattaché à l'État, pour lui attribuer le blâme. Ils ont trouvé trois coupables, unis dans des analyses plus ou moins cohérentes :Le défi auquel nous sommes aujourd'hui confrontés, nous économistes libéraux, est de faire apparaître cette imposture [des explications habituelles] au grand jour. Nous devons développer et diffuser un autre récit de la crise qui puisse se décrire en slogans aussi simples aussi efficaces que ceux utilisés par nos adversaires. Ce défi est à la fois intellectuel et politique. Mais, plus que tout, il suppose que nous en ayons les moyens, notamment les moyens de communiquer et de faire le marketing de nos idées.
Ces débats sont, en fait, fondés sur une incompréhension de ce que mesure ce « partage de la valeur ajoutée ». Incompréhension tout d'abord de ce que veut dire « capital » dans ce contexte. Incompréhension surtout du monde dans lequel nous vivons. Dans notre monde, la dynamique des inégalités économiques ne se joue plus essentiellement entre capital et travail, mais au sein même du travail. Il y a longtemps que les ménages les plus riches ne sont plus composés que de capitalistes oisifs. Nous ne vivons plus dans le monde de Marx, où s'opposent prolétaires et capitalistes. Cela ne signifie pas que notre monde est plus juste pour autant, mais que la dynamique de ses injustices est d'une toute autre nature. Et que le partage de la valeur ajoutée est un bien mauvais indicateur de ces évolutions.
Mais tout d'abord revenons sur ce fameux partage : s'est-il modifié ? Si l'on prend les données les plus brutes de l'INSEE, voilà ce que l'on voit :
Le graphique semble étrange : la part des salaires augmente sur une longue période, même si elle a diminué légèrement depuis 1980. Or, dans le même temps, la part du capital (que mesure l'excédent brut d'exploitation) augmente aussi. La part du travail et celle du capital s'accroissent ensemble ! Comment une telle bizarrerie est-elle possible ? Parce qu'il n'y a pas que des entreprises (le capital) et des salariés (le travail) : il y a également des entrepreneurs individuels qui sont un peu des deux à la fois. Or, leur nombre diminue. Les parts du capital et du travail peuvent donc augmenter en même temps, en raison de la baisse de la part des indépendants dans le partage de la valeur ajoutée, corrélative de la baisse de leur nombre.
En raison de l'existence de ces indépendants, le calcul du partage de la valeur ajoutée est toujours fondée sur des conventions comptables, dont le but est de supprimer cet effet de salarisation croissante. Or, aucune de ces conventions n'est vraiment satisfaisante. La convention la plus commune consiste à faire comme si les indépendants se versaient des salaires fictifs égaux aux salaires moyens (voir ici, page 4, pour la décomposition comptable). Ce qui n'a à la vérité aucun sens, puisque justement ce ne sont pas des salariés. Si l'on ajoute la difficulté comptable que posent les sociétés financières, dont la valeur ajoutée est également mesurée à partir de définitions contestables (des précisions ici), on arrive non pas à une mesure de l'évolution de la répartition mais à un spectre, qui montre la difficulté de l'exercice. En fonction de la convention comptable adoptée, la baisse de la part du travail dans la valeur ajoutée entre 1972 et 1999 va, selon Philippe Askenazy, de 0,6 à 10 points de % !
Autant dire que l'exercice est presque vain, qu'il ne fournit en tout cas aucune mesure de ce que l'on veut vraiment savoir : la capital s'approprie-t-il plus de la valeur ajoutée ? Et si oui, précisément combien ?
Pour répondre à cette question, il est au final plus sage d'être modeste dans sa mesure, de supprimer tous ces problèmes comptables, en ne s'intéressant qu'aux sociétés non financières. Celles-ci produisent un peu plus de la moitié de la valeur ajoutée en France, et forment le coeur du rapport entre capital et travail dans la production économique. Elles offrent ainsi un excellent indicateur de l'évolution du partage de la valeur ajoutée, à défaut de pouvoir mesurer véritablement celui-ci.
We no longer live in a world in which central bank policies are confined to adjusting the short-term interest rate. Instead, by using their balance sheets, the Federal Reserve and other central banks are developing new tools to ease financial conditions and support economic growth.Qui plus est : la Fed, par l'importance de ses activités de prêteur en dernier ressort, a poussé ce rôle dans ses ultimes limites, le transformant ainsi. A mon sens, les choses suivantes se sont passées :