La production scientifique d'un pays est donc avant tout fonction des moyens qu'il y investit, que ce soit en hommes (nombre de chercheurs) ou en dépenses globales.
Cela n'interdit pas le fait que certains pays soient plus efficaces que d'autres. Mais ce ne sont pas ceux que l'on croient.
On peut mesurer l'efficacité de la production scientifique d'un pays à travers deux indicateurs élémentaire de rendement : le nombre d'articles publiés par chercheur ; le nombre d'article publiés par dollar dépensé.
On constate tout d'abord, pour les deux indicateurs, que les pays les plus efficaces ne sont pas, dans l'ensemble, les plus grands. La production scientifique semble, en effet, régie par une logique très proche de celle que les économistes postulent pour la production économique en général : les rendements décroissants. Plus la quantité d'un facteur augmente, plus la production s'accroit, mais de moins en moins relativement à la quantité de facteur. Cette régularité apparaît très nettement pour le ratio article/dépense, moins nettement pour le ratio article/chercheur.
Cela signifie tout d'abord que les pays les plus efficaces ne sont pas les grands leaders mondiaux dans le monde de la science, ceux qui publient le plus, mais au contraire des pays plus petits, en particulier la Suisse et les Pays-Bas.
Cela signifie, d'autre part, que les États-Unis, géant de la science par ses volumes de production, n'est pas un pays exceptionnellement efficace, bien qu'il apparaisse comme un modèle absolu de productivité scientifique.
On constate enfin que la France est, pour nos deux indicateurs, plus efficace que les États-Unis. Plus précisément, la France est, en matière d'efficacité, à sa place : 5e pays pour la production globale d'articles scientifiques, après les E-U, le Japon, l'Allemagne et le Royaume-Uni, elle a une efficacité plus grande que 3 d'entre eux : les E-U, le Japon et l'Allemagne. Parmi les pays leader en matière de production scientifique, seul le Royaume-Uni fait mieux. De manière plus générale, la France a des rendements légèrement supérieurs à la moyenne de l'OCDE. L'image du chercheur français qui ne fait pas grand chose, face au chercheur américain hyper-productif est bien cela : une image, sans aucun rapport avec la réalité. Le chercheur français a une productivité individuelle moyenne logique au regard des régularités que nous avons fait apparaître. Elle est, en tout cas, supérieure à celle d'un chercheur américain.
Une seule exception véritable, mais de taille, apparaît en fait : le Royaume-Uni. Celui-ci a une productivité scientifique très largement au-dessus de celle des pays qui lui sont comparables. On peut y voir, comme Michel Grosseti, la conséquence du très grand nombre de revues dirigées par des britanniques, tout autant que le produit d'une organisation institutionnelle spécifique.
vendredi 3 avril 2009
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